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TaxiTram samedi 14 avril 2018

Alexandre Périgot, Mon nom est personne

Il est passionnant de constater que la plupart des musées ont une part significative d’inconnu dans leurs collections. Ces œuvres souvent majeures, que des conservateurs hésitent souvent à exposer, constituent une sorte de fonds refoulé et les condamnent aux oubliettes. Seuls les artistes célèbres sont publiés et les publications de musée ne concernent pratiquement jamais les œuvres anonymes. C’est la raison pour laquelle, Alexandre Périgot décide de réaliser une exposition d’anonymes, entièrement publiée sous la forme de lms et d’impressions numériques. L’artiste réunit plus de sept cent œuvres, ni signées, ni attribuées, issues de plusieurs collections nationales ; celles du CNAP (Centre national des arts plastiques), du MAN (Musée d’Art de Nantes), du MUCEM à Marseille (Musée des civilisations européennes et méditerranéennes) et du Musée des Beaux-Arts de Rennes. Les œuvres réunies sous la dénomination « anonyme » peuvent avoir plusieurs justifications. Sont convoquées dans l’exposition toutes les allusions inhérentes à l’anonymat. Soit elles ne sont pas signées, soit les écritures sont illisibles, ou elles se retrouvent en prise avec une stratégie assumée de l’artiste d’avancer masqué. La complexité des raisons qui conduisent à l’anonymat autorise à se raconter non pas une histoire, mais plusieurs. Les peintures, dessins et photos sont ainsi disposés au sol, formant un chemin d’exposition, à la manière du vendeur de posters dans le métro, mais aussi du vendeur de gravure au XVIIIe siècle que l’on appelait « étaleur ». Que se passe-t-il pour le visiteur devant l’œuvre, seul, sans le secours d’un nom ? On est ramené à soi. Chacun doit utiliser ses connaissances, sonder son ignorance. Les anonymes avancent incognito pour inverser la condition du spectateur. Ce dernier se trouvant devant une énigme supplémentaire, devient spectateur- enquêteur. La signature, le courant, la valeur historique, ne sont souvent que des béquilles auxquelles se raccrocher. Sans elles, l’œuvre est mise à nue et l’autorité est rendue au spectateur qui aura tout pouvoir depuis sa propre subjectivité.

Bertrand Dezoteux, Harmonie
Les voyages vers des galaxies lointaines sont désormais possibles grâce à La Transilience P2P. Autrefois réservée au domaine militaire, cette technologie est aujourd’hui en voie de démocratisation, et devient accessible à un large public. En se serrant un peu la ceinture, la famille terrienne moyenne a accès à une pluralité de mondes habitables, pour y faire un voyage de noces, passer des vacances ou profiter de la retraite.
Mais revenons en arrière, à quelques décennies de l’essor du tourisme intergalactique de masse. Revenons à l’époque où l’être humain posait le pied sur la première exoplanète, gravissait ses formations géologiques arc-en-ciel, y découvrait ses drôles d’habitants, écoutait leurs voix enchanteresses. L’exposition à la galerie Édouard-Manet retrace l’exploration de cette planète encore vierge, baptisée Harmonie.

Mohamed Bourouissa, Urban Riders

Le Musée d’Art moderne consacre la première exposition institutionnelle en France à Mohamed Bourouissa. Urban Riders s’articule autour du film Horse Day réalisé à Philadelphie, dans le quartier défavorisé de Strawberry Mansion, au Nord de la ville.
Durant huit mois, le temps d’une résidence, l’artiste a fréquenté le club hippique Fletcher Street qui accueille la communauté afro-américaine et a partagé le quotidien des cavaliers urbains. Avec eux, il a conçu une journée du cheval en associant des artistes locaux. Fasciné par l’histoire de la représentation des cowboys noirs, Mohamed Bourouissa synthétise dans ce film des questionnements récurrents : l’appropriation des territoires, le pouvoir, la transgression. Horse Day s’accompagne d’un corpus d’environ quatre-vingt-cinq œuvres comptant des dessins, des photographies et des sculptures.