Du 15 - 01 au 15 - 03 - 2025
Générations
Depuis plus de 20 ans, l’EMBA/galerie Edouard Manet propose une classe préparatoire aux concours d’entrée aux écoles supérieures des beaux-arts.
Nous avons souhaité retrouver certains artistes que nous avons côtoyés plus jeunes, à l’aube du commencement de leur activité plastique. Frédéric Magnan, enseignant en volume, a construit l’exposition autour d’une partie d’entre eux.
» Une classe préparatoire peut-elle faire école ? Quelles formes, quels enseignements ou quels autres secrets encore y ont pu trouver en commun les générations d’aspirants artistes passées entre les murs de l’emba / galerie Edouard-Manet ? Quelles traces y ont-elles laissées de leur passage ? Quels souvenirs en ont-elles emporté ?
Dans la pluralité des médiums, des moyens et des sujets explorés par les artistes réunis dans « Génération(s) », qui veut pourrait s’essayer à trouver un lien, une filiation ou une marque de fabrique de ce lieu dans lequel chacun a entamé officiellement son parcours dans le vaste monde de l’art. Peut-être y a-t-il eu, de Sacha Golemanas à Lucie Neale, passation d’un amour du fil et du mou, de la couture et de toutes les créatures hybrides et informes qui peuvent en naître. Peut-être y a-t-il eu, de Liv Schulman à Caroline Ailleret, transmission d’un goût pour le pas-de-côté et le récit alternatif, celui qui se niche derrière ce qui se voit, celui qui flotte au plafond comme un ballon oublié un lendemain de soirée, ou qui vient révéler l’absurde dans le plus banal des quotidiens. Peut-être y a-t-il une piété filiale partagée entre Rayane Mcirdi et Yanma Fofana qui, en film et en peinture, s’attachent à retracer les contours des êtres de leur famille chérie, à irriguer de leurs œuvres les souvenirs indicibles, à faire prospérer les racines d’arbres généalogiques que l’on veut rendre publics. Peut-être y a-t-il eu apprentissage commun de trucs et astuces miracles, de tours de passe-passe de prestidigitateurs, pour Seumboy Vrainom :€ et Rémy Lidereau, qui s’amusent à trouver de la magie dans les images générées par intelligence artificielle pour le premier, et dans celles qui font semblant d’être autre chose que ce qu’elles sont pour le second. Peut-être y a-t-il enfin, de Jessica Guez à Eliès Melouka, une exploration partagée de la vulnérabilité, de celle que l’on ne choisit pas et avec laquelle on apprend à vivre, que l’on apprend à aimer, à peindre et à raconter dans ses moindres petites failles pour la première ; de celle jusqu’à laquelle on gratte, on ponce et on accidente les matériaux que l’on a choisi d’utiliser pour le second, jusqu’à trouver la limite, et en faire un trophée.
Peut-être, tout en haut de l’escalier de la vieille bâtisse aux mille usages, à la fois centre d’art, école pour tout le monde et classe préparatoire, y a-t-il des liens que ceux qui viennent y passer une année ont cherché à relier, aidés sûrement dans leur quête par leurs artistes de professeurs. Comme un écho lancé par d’autres avant qu’ils n’arrivent, dont il aurait fallu ensuite choisir si l’on voulait y répondre ou pas.
Mais peut-être, aussi, que rien de tout cela. Peut-être le propre de la classe préparatoire n’est-il pas de faire école mais d’y préparer au mieux, en accompagnant, non seulement pendant mais aussi longtemps qu’il le faudrait après, celles et ceux qui ont voulu s’y laisser former. « Génération(s) » est non pas tant une histoire d’école que le récit d’un attachement réciproque à un lieu qui continue de vivre par, pour, et à travers les générations d’apprenants qui ont sonné à sa porte, arpenté ses étages, sont revenus quelques fois après être partis vers d’autres horizons et forment sinon une succession de promotions, du moins bel et bien une communauté. «
Horya Makhlouf
Commissariat : Frédéric Magnan
Artistes : Caroline Ailleret, Yanma Fofana, Jessica Guez, Sacha Golemanas, Rémy Lidereau, Rayane Mcirdi, Eliès Melouka, Lucie Neale, Liv Schulman, Seumboy Vrainom
Vernissage le mercredi 15 janvier à partir de 18h
Évènement : Rencontre avec le commissaire — samedi 18 janvier 2025