Dossier de presse "Juste fais-le"
Du 01 - 10 au 14 - 12 - 2019
Ici sont les dragons 3/3 : Juste fais-le
Vernissage mardi 1er octobre à 18h
Commissaires : Marie Koch et Vladimir Demoule
Avec : Marie-Julie Bourgeois, Louise Desnos, Disnovation.org (Maria Roszkowska & Nicolas Maigret), Alexandre Miraut Korobov, Planète Laboratoire (Ewen Chardronnet et Bureau d’études), Davey Wreden…
En 1977, Gary Gilmore fut le premier condamné à mort de l’Utah depuis le rétablissement de la peine capitale dans l’État. Ses derniers mots furent : « Let’s do it ». Onze ans plus tard, l’agence américaine Wieden+Kennedy s’en inspire dans une nouvelle injonction, pour Nike, se prétendant un appel au dépassement de soi et à l’audace et semblant cette fois-ci dire « arrête d’y penser, juste fais-le ». « Faire » devient alors son propre objet, le commencement autant que la destination de toute entreprise. Surtout, c’est ici le « faire usage » qui semble être accomplissement. Avec une bonne paire de chaussures, il n’y a plus qu’à « faire ». L’usage étant sa propre destination, le consommateur est condamné à utiliser pour utiliser, à « faire » pour « faire », devenant entité « faisante » qui tourne à vide.
« L’usager, l’homme de la rue, le contribuable sont donc à la lettre des personnages, c’est-à-dire des acteurs promus selon les besoins de la cause à des rôles de surface, et dont la mission est de préserver la séparation essentialiste des cellules sociales, dont on sait qu’elle a été le premier principe idéologique de la Révolution bourgeoise » (Roland Barthes).
D’autre part, la mythologie de la performance et son culte participent de la mise en concurrence permanente et impliquent par nécessité la réussite, et donc la victoire de l’un sur l’autre. A contrario, des artistes aujourd’hui cherchent à mettre en place des situations d’échec. En utilisant les dysfonctionnements pré-existants, en dysfonctionnant les usages, ils créent un endroit de possibles imprévus, où le progrès et la réussite ne sont pas des fins, où la nature a l’espace de coexister avec la culture, et où l’humain, le spectateur, a la place qu’il choisit d’y occuper. L’exposition interroge les images, les discours et les objets qui véhiculent les mythes contemporains, et comment leur détournement forme un espace politique d’émancipation.