Du 13 - 04 au 16 - 09 - 2018
Les racines poussent aussi dans le béton
Kader Attia
Vernissage le vendredi 13 avril à partir de 18h30. Le soir du vernissage, navettes au départ de Bastille à 18h, 18h30 et 19h, sur réservation : 01 43 91 64 33.
Né en 1970 à Dugny (93), Kader Attia vit et travaille entre Paris et Berlin. Lauréat du prix Marcel Duchamp en 2016, il est devenu une figure incontournable de la scène artistique internationale depuis le début des années 2000.
Il parcourt le territoire de l’art comme un espace de réflexion et d’action. Psychanalyse, anthropologie, ethnologie, philosophie… Il décline différentes formes analytiques pour faire émerger, dans le champ de l’art, les refoulés et blessures de l’Histoire, les traumatismes et les peurs inhérentes à nos sociétés. Soulignant les dominations, les replis identitaires, militant pour une décolonisation des savoirs et des récits, il met en œuvre depuis plusieurs années le concept de réparation.
Sa pratique de l’art étant en prise avec le réel, il a initié La Colonie, espace de savoirs vivre et de partage des savoirs, dans le 10e arrondissement de Paris, près de la Gare du Nord.
Pour cette exposition au MAC VAL, Les Racines poussent aussi dans le béton, Kader Attia imagine une réflexion, en forme de parcours initiatique, autour de l’architecture et de sa relation aux corps. Une exposition qu’il imagine comme une « conversation intime avec le public du MAC VAL » pour ensemble « sonder les maux et les joies qui articulent la vie dans les cités ». Ayant grandi à Garges-lès-Gonesse, il souligne la familiarité des paysages (architectures, population, transports en communs etc…), et a la sensation, à chaque fois qu’il vient au MAC VAL, de « rentrer à la maison ».
Quels regards porter sur les grands projets urbains de l’après-guerre, grands ensembles caractéristiques de ce qu’on appelle les cités dortoirs, qui incarnent des versions fortement digérées et abâtardies des théories et recherches modernistes et utopiques de la première moitié du 20e siècle, et dont les racines sont pourtant à chercher du côté des architectures de terres du Mzab aux portes du Sahara ? Que reste-t-il de l’utopie ? Du vivre ensemble ? Quelles relations ambivalentes entretient-on avec son espace de vie, privée ou public, avec son histoire, avec ses racines ?
Dans une optique de désaliénation, de déconstruction du regard colonial et moderne, de réappropriation des récits collectifs et individuels, l’exposition explorera les relations entre corps et corps social, à travers une interrogation des effets de l’architecture sur la psyché, des affects aux corps, sans esquiver la dimension paradoxale et fantasmatique (le fameux retour au pays par exemple) de ces questions. Poursuivant ses recherches sur les membres fantômes, l’architecture sera ici envisagée dans sa dimension de prolongation des esprits et des corps, explorant la tension espace privé/espace public (notamment au travers des figures du transsexuel, du chibani, et de tous les corps réprimés et objectivés au détriment de leur subjectivité…). Le corps sera envisagé tout autant comme contrôlé, mais également dans ses possibilités infinies de révolution et d’action.