13 - 02 - 2016, 16:00
La passivité : un concept révisé et augmenté
par Vanessa Desclaux
Autour de l'exposition de Pierre Joseph, Hypernormandie
Pourquoi s’intéresser au concept de passivité aujourd’hui, et plus particulièrement dans le contexte de l’art ? A quelles normes, à quelles limites, et à quelles institutions la passivité nous renvoie t-elle ?
Dans cette conférence, je souhaite introduire l’expérience hypnotique comme un moment inaugural d’une remise en question de la passivité dans le champ de la pensée et de l’action. J’affirmerai que la passivité ne peut pas s’inscrire en opposition à l’activité ; j’insisterai sur la nécessité de ne pas penser la passivité en dehors de la relation entre soi et l’autre. J’émettrai l’hypothèse que l’action dépend étroitement d’une pensée de la passivité. Je tenterai de proposer différentes approches du concept de passivité qui émergent au carrefour de la théorie et de la pratique dans des contextes distincts. Ainsi je montrerai que la passivité entretient des relations privilégiées avec les concepts de soin, d’expérience et de dépossession, soulignant qu’un concept augmenté de la passivité met en lumière une capacité de résistance et de transformation de nature politique.
Enfin, j’envisagerai les enjeux qui accompagnent ce questionnement du concept de passivité dans le contexte de la pratique curatoriale. Je proposerai de considérer la passivité comme un moteur essentiel du déplacement de la figure du commissaire d’exposition hors des frontières qui délimitent habituellement son champ d’action, mettant à mal nombre d’injonctions et modes d’assujettissement qui s’imposent à elle (ou lui). Je privilégierai les relations de la passivité à l’observation, à la remise en question de l’autorité et de la notion d’auteur, et au renoncement à la position d’expert, de détenteur du savoir, au profit de celle d’amateur. Chacune de ces positons s’incarnera dans des exemples spécifiques de pratique, ou d’exposition.
V.D.
Vanessa Desclaux est commissaire d’exposition indépendante, critique d’art et enseignante à l’école nationale supérieure d’art de Dijon. Elle vient de terminer son doctorat en art/curating au Goldsmiths College de l’Université de Londres. Sa thèse interroge les conditions au sein desquelles la pratique curatoriale et la figure du commissaire d’exposition opèrent et se transforment.