Du 06 - 02 au 26 - 04 - 2025
Les enfants terribles
Jeu est un terme fort inexact, mais c’est ainsi que Paul désignait la demi-conscience où les enfants se plongent ; il y était passé maître. Il dominait l’espace et le temps ; il amorçait des rêves, les combinait avec la réalité, savait vivre entre chien et loup (…).
Jean Cocteau, Les Enfants terribles, 1950
Clin d’œil au roman éponyme de Jean Cocteau, le Centre culturel inaugure le 6 février (17h-22h) Les Enfants terribles, deuxième chapitre de sa “Grande” saison d’art contemporain. Cette exposition réunit treize artistes et les archives du Centre Familial des Jeunes, foyer d’accueil de jeunes dont la devise était “la prison, c’est dehors”, pour continuer à interroger collectivement ce que signifie être ou devenir grand·e.
Sur fond d’un présent inquiet teinté de passé et d’incertitudes sur l’avenir, les personnages des œuvres exposées se rencontrent, chantent, dansent, luttent et franchissent le pas de la découverte de soi et des autres, à chaque étape de la vie. Iels font face à la violence des normes du monde adulte et questionnent ses autorités et institutions. Iels se (re)donnent une identité et ouvrent des brèches dans l’espace social, détournant avec courage et ironie ses règles, pour exister à leur façon.
Parmi ces enfants intranquilles, vous croiserez des guetteurs invisibles dont seules les chaises subsistent et des ados libres entre les murs d’un foyer de Vitry-sur-Seine. Une ritournelle entêtante sera jouée au milieu de ruines brûlantes par un jeune guitariste, aux côtés d’une enfant solitaire qui se réfugie dans un costume de lapin et garde l’espace d’exposition non sans une certaine mélancolie. Vous pourrez incarner les avatars libérés d’un jeu vidéo imaginé par les jeunes d’une classe d’ULIS avant de pousser la porte d’un club où se retrouvaient ceux qui, à leur époque, ne pouvaient faire communauté sans braver la loi. Vous continuerez de vous moquer des règles et des injustices en suivant sous terre celles et ceux qui avancent masqué·es contre la loi et l’ordre, avant d’émerger et de retrouver un bébé marxiste défiant les immeubles qui nous écrasent. Vous vous lancerez alors à la recherche de modèles et de communautés, regardant du côté d’un footballer érigé en icône, ou plus simplement de jeunes qui, entre potes et dans la rue, se demandent bien ce qu’iels pourraient devenir. Enfin, Blaise, un malicieux poussin masqué poussera des portes dérobées pour nous ouvrir les univers de quelques ados libres comme lui : une première, italienne, guidant une adulte dans son monde ; huit autres, formant un chœur et se délaissant des stéréotypes véhiculés par les teen movies des années 1990.
Impertinent·es et fragiles, ces enfants terriblement extraordinaires nous accueillent dans leurs chambres bricolées et habitées de rêveries, d’amitiés, d’amours, de doutes, d’impasses, de luttes et de poésie. Iels nous montrent l’importance d’ouvrir des espaces autonomes et protégés où les communautés d’enfants, de jeunes, d’adultes et d’ancien·nes peuvent grandir ensemble, apprenant réciproquement de leurs sentiments et aspirations. Car, comme dans une fable, tout peut se transformer si l’on permet à chacun·e de porter le masque magique de Blaise, le poussin terrible.
Avec : Ismail Alaoui Fdili, Archives CFDJ, Ethan Assouline, Nadjib Ben Ali, Amélie Bigard, Nelson Bourrec Carter, Io Burgard, Juliet Casella, Émilie Désir, Rebecca Digne, Marion Fayolle, Julien Marmar, Claude Ponti, Célestin Spriet.
Commissariat : Luca Avanzini, Thomas Maestro, Anna Milone
Vernissage le jeudi 6 février de 17h à 22h
Visite avec les commissaires tous les mercredis à 16h
TaxiTram samedi 8 février, de 13h45 à 18h45 : informations ici