We had the same dream last night
Emilie Pitoiset

Corps endormis. Objets affaissés. Vêtements vides, postures ralenties. Autant de signes d’un monde en tension, où les formes semblent suspendues. Un état instable, entre chute et maintien, effort et relâchement. Un seuil que tout semble frôler sans jamais tout à fait s’y abandonner. Des marathons de danse, performances poussées jusqu’à l’extrême —à l’Inemuri des salarymen japonais, où dormir debout ou assis devient le prolongement paradoxal de l’épuisement productif—jusqu’aux pièces dites «durassiennes», fourrures, gants de cuir, fétiches abandonnés, fragments de corps sans visage —les œuvres d’Émilie Pitoiset explorent des formes de présence vacillante, somnambule ou funambule. Sculptures, installations, vidéos, performances ou images : toutes interrogent les mécanismes des conventions du rôle social, les dynamiques invisibles du pouvoir. Elles révèlent ce qui se fissure, ce qui résiste parfois, peine. Présenté pour la première fois, So Much Tenderness constitue un nouveau chapitre de cette recherche qui s’appuie sur des témoignages de mascottes professionnelles et leurs conditions de travail. Sous la forme d’une fiction, le film donne à voir une figure ambivalente: un corps anonyme, contraint, dissimulé sous un costume de lapin. Comme dans l’ensemble de son travail, Émilie Pitoiset

artiste : Emilie Pitoiset

visuel : Emilie Pitoiset, So Much Tenderness, mascotte sur-mesure, 2025. Courtesy of the artist & Klemm’s, Berlin