Du 18 - 05 au 21 - 07 - 2018
Mains, Sorts et Papiers
Vernissage le vendredi 18 mai de 18h à 21h
Ana Mazzei , Félicia Atkinson, Laëtitia Badaut Haussmann, Cyril Verde et Sébastien Rémy .
Mains, Sorts, Papiers ressemble à une variante du jeu de main à trois choix “Pierre, Feuille, Ciseaux”. Les “théories du pierre-feuille-ciseaux” livrent des analyses éclairantes sur les collisions entre hasard et prédiction. L’une d’elles est que si les joueurs pouvaient jouer de façon complètement aléatoire, ce serait le meilleur moyen d’obtenir un tiers de probabilité de gagner. Elles nous apprennent aussi qu’une séquence aléatoire est impossible à générer sans l’aide d’une machine, de dés ou de pièces de monnaie… Avec ce jeu de main, la compétition porte le plus souvent sur l’analyse du comportement de l’adversaire qui, se sachant observé, change de stratégie afin de rester le plus imprévisible possible. En plus de capter toute l’attention des joueurs qui cherchent à la fois à percer la logique de l’autre et à brouiller ses propres suites, les chances de gagner par cette technique de déduction sont encore plus réduites et finalement les meilleurs joueurs sont ceux qui parviennent à enlever toute apparence logique à leurs choix. Le hasard apparaît alors comme inaccessible à l’esprit humain, trop logique, trop prévisible, trop préoccupé par le lien. C’est là que le sort intervient dans le jeu comme un facteur de désordre : au lieu de mimer le hasard, laissons le sort agir et la magie nous dicter un scénario extra-humain, nous libérer de tout effort d’anticipation et d’improvisation. Glissé entre la pierre, la feuille ou les ciseaux, ou entre la main et le papier, le sort libère le joueur de toute volonté de contrôle, de tout projet. Accueillir le sort, c’est reconnaître une forme de puissance aléatoire imaginaire, c’est permettre de passer de la main au papier, du projet au geste sans avoir prévu les effets de ce passage. Voilà une autre forme d’hospitalité radicale, celle qui perd le contrôle, qui s’en remet au sort et lui passe la main. Le sort, sur lequel la main ne peut rien, lui redonne goût au jeu.