Regarder en l'air : un geste artistique subjectif ?

Au cours du 20e siècle, de New York à Nice en passant par Mexico, des artistes d’horizons très divers se postent dans la rue pour regarder en l’air. Ce geste a priori insignifiant remet pourtant en cause tant les fondements de la notion d’œuvre d’art que les interactions des individus au sein de la ville.

Mard! Saison 2016-2017
L’action secrète.
Entre poésie et politique, de l’art d’agir sans être perçu.

Pour cette 10e et dernière saison du cycle Mard!, le Crédac et la Médiathèque invitent Sophie Lapalu, critique d’art et commissaire d’exposition. Diplômée de l’Ecole du Louvre (Paris) et de l’Ecole du Magasin (Grenoble), elle vient d’achever son doctorat à l’Université Paris 8, où elle enseigne, après trois années en tant que coordinatrice du lieu d’exposition de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts Paris-Cergy, YGREC. Elle propose des programmations de performances entendues comme de possibles expositions, et publie régulièrement dans des revues et catalogues.

Au cours du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui, certains artistes font le choix de sortir de leur atelier et d’agir en secret dans des espaces qui ne sont pas ceux traditionnellement dédiés à l’art, pour réaliser des gestes banals et imperceptibles. Ils investissent les rues, les avenues des villes modernes, les lieux de travail, les usines. Ils regardent en l’air, suivent un inconnu ou brandissent un panneau. Ces actes, ils les revendiquent comme œuvre. Pourquoi leur semble-t-il nécessaire de faire exister l’œuvre ailleurs que là où elle est attendue ? Que met en jeu l’invisibilité du geste artistique ? Quel monde les artistes font-ils exister à côté de celui que nous connaissons, soumis au régime de visibilité, à la pression de la rentabilité et à la suprématie de la rationalité ?