08 - 12 - 2015, 19:00
Pour une Hypozoologie
Rencontre avec Louis Bec, zoosystémicien
Dans le cadre du projet en ligne « ADM XI »
Dans le cadre du projet artistique en ligne « ADM XI » qui propose une étude de la taxinomie ou classification des algorithmes financiers, le Jeu de Paume et le collectif RYBN.ORG invitent Louis Bec, scientifique et seul zoosystémicien en titre, à discuter des fondamentaux de ses recherches.
La classification du vivant par le vivant peut être considérée comme une des premières modélisations entreprises par l’espèce humaine, pour rendre intelligible un monde étrangement hétéroclite. La taxinomie est ainsi devenue progressivement un acte de création d’univers potentiels, additifs, adaptatifs et prédictibles, tout en s’évertuant à plaquer, sur une réalité insaisissable, une grille de lecture objective. Les classifications scientifiques actuelles, sur les découvertes les plus récentes de la biologie moléculaire et de l’ingénierie génétique, produisent une virtualité qui s’éloigne de la nature d’origine.
Pour explorer les conséquences de cette virtualisation dans la classification des organismes vivants, Louis Bec élabore une Hypozoologie virtuelle, une zoologie émergeant du dessous des apparences, insolite et décalée où évoluent des organismes particuliers, les Upokrinomènes. Pour Louis Bec, la taxinomie, par elle-même, est un opérateur prolifique de créations artificielles, un outil efficace pour des « Manières de faire des Mondes » selon l’expression de Nelson Goodman. Il illustrera son propos de modélisations numériques, de vidéos et de schémas classificatoires.
Louis Bec est né à Alger en 1936. Zoosystémicien diplômé, président de l’Institut Scientifique de Recherche Paranaturaliste, il vit et travaille à Sorgues. Dès 1974, il participe au développement de la vie artificielle à Santa Fe. Fondateur de l’Institut Scientifique de Recherche Paranaturaliste, il élabore les bases de l’Épistémologie Fabulatoire, dont témoigne notamment l’ouvrage Vampyrotheutis Infernalis écrit avec Vliém Flusser. Ses recherches sur la Technozoosémiotique interrogent perfidement les relations entre les domaines artistiques, biologiques et technologiques. La traduction française de Vampyrotheutis Infernalis est à paraître aux éditions Zones Sensibles, en Novembre 2015.