Réseau artcontemporainParis / Île-de-France

24 - 03 - 2016, 18:00

Là ou c'est rouge
Projection-retour de voyage

Film réalisé par Anaïs Ang, diplomée 2015, atelier Patrice Alexandre
Salle de conférences

Là où c’est rouge est le récit filmé de la résidence de Cécilia Breuil et Anaïs Ang, avec leur professeur Patrice Alexandre, auprès de sculpteurs Inuit au Nunavik (Grand Nord Canadien). Cette résidence soutenue notamment par le gouvernement Québécois donne lieu à un échange réciproque d’artistes en art visuels entre le Nunavik et la France.

« Là où c’est rouge – Aupaluk, le plus petit des quatorze villages Inuit du Nunavik. 29 km de superficie et moins de 200 habitants. La ville, située sur une terre traditionnelle de chasse et de pêche, tient son nom du sol rouge qui contient de l’oxyde de fer. Dans les années 1950 et 1960, les Inuits ont perdu les chiens qui tiraient leurs traîneaux et un mode de vie sédentaire a pris le pas sur celui présenté dans Nanook l’Esquimau, réalisé en 1922 par Robert Flaherty. À Aupaluk, dans la maison 135, c’est chauffé, équipé de télévisions, four, frigidaire et bibelots. Devant chaque maison, Toyota avec Pick-Up et motoneige. La nuit le bruit du vent qui fait remuer la maison est accompagné du ronflement des courses de skidu autour du village. La journée c’est la sonnerie de la pelleteuse à neige qui résonne avec le bourdon des meuleuses et enveloppe le garage qui sert provisoirement d’atelier.

Dans ce village où les maisons sur pilotis sont posées au milieu de la Toundra comme des loges aux abords d’un décor de cinéma, on serait tenté de marcher vers la fin du paysage plat et blanc pour trouver la porte de sortie.

Mais un ours rôde et à moins de posséder un fusil la promenade n’est pas de mise.

Là où c’est rouge, c’est blanc, à moins que le sang de la viande ne recouvre le sol. La chair crue sur des cartons au sol de la cuisine pour le repas, sur la neige après la chasse du phoque, les bois ensanglantés des caribous à l’entrée de l’atelier. Le rouge du sol recouvert d’une neige blanche revient au rouge du sang dont le fer réchauffe et nourrit. La chasse et la pêche se maintiennent au cœur de la culture Inuit et les sculptures content cette pratique. Là tout est rude et cru, pragmatique. Là, le rouge tâche un instant la neige et le son des machines emplit discrètement le paysage, puis tout revient au blanc et au silence.

C’est dans ce décor que s’est déroulé l’atelier de sculpture auquel nous avons pris part, du 26 octobre au 11 novembre 2015. Après avoir été accueillis par Louis Gagnon, archéologue et muséologue de l’institut culturel Avataq qui nous a accompagnés et guidés tout au long du voyage, ainsi que par Laurent Lalanne, attaché culturel du consulat de France à Québec, nous nous sommes rendus en avion à Aupaluk. De retour à Montréal deux semaines plus tard, une conférence de presse a été donnée au Musée des Beaux-Arts de Montréal afin de présenter la résidence et les sculptures que nous y avions réalisées.

Puis retour vendredi 13 novembre en France, là où c’est rouge ? »

Cécilia Breuil et Anaïs Ang