Réseau artcontemporainParis / Île-de-France

Du 31 - 10 au 01 - 11 - 2025

Free to move from chair to chair (deuxième volet)

Lors d’une exposition en collaboration avec le Centre d’art Ygrec-Ensapc le 31 octobre, deux groupes d’étudiant·es de l’Ensapc et de l’Ensad de Limoges présenteront des œuvres réalisées dans le cadre d’un workshop. Ce second volet de Free to move from chair to chair ouvre un espace de dialogue entre étudiant·es et artistes où se croiseront des perspectives sensibles, critiques et imaginaires sur l’éducation et l’apprentissage. 

Free to move from chair to chair est une exposition collective rassemblant des propositions d’artistes autour d’approches plurielles et non-conventionnelles de l’éducation et de la pédagogie. Entrant en résonance avec le « tournant éducatif [1]» de l’art (tout en faisant un pas de côté avec ses formats didactiques et son penchant pour l’utopie), les six artistes exposé·es convoquent à travers leurs œuvres des gestes plus cryptés ou fragmentaires qui interrogent le rôle de l’éducation, aussi bien comme expérience intime, dispositif ou rhétorique, conditionnement ou enjeu socio-politique aux ramifications multiples. L’éducation, intrinsèquement plurielle, marquée par des dynamiques de transition et de passage, dépasse largement les frontières physiques et institutionnelles. Loin des limites de la salle de classe, elle est ici envisagée comme un champ fluide, traversé par des tensions, des conflits et des réinventions impliquant autant l’espace du politique, de la subjectivité, de la construction de l’image de soi ou de la mémoire collective. 

« Free to move from chair to chair [2] » est une citation extraite d’une conversation entre Robert Filliou et John Cage sur l’éducation où l’artiste américain formule l’hypothèse d’une situation d’apprentissage à la flexibilité radicale, tant dans sa disposition spatiale (une salle vide sans place attitrée où l’on serait « libre de se déplacer d’une chaise à l’autre »), que dans son contenu (« rien n’est appris qui n’était déjà connu ou connaissable avant l’avènement de la situation d’apprentissage »). 

Si les mots “free to move” renvoient, dans la pensée de Cage, à une éducation libre, auto-dirigée et ouverte à l’indétermination, cette flexibilité pourrait aujourd’hui résonner avec les logiques néolibérales de formation continue, de plasticité individuelle et de savoirs personnalisables et digitalisés, tout comme avec la transformation actuelle d’institutions soumises à l’agenda de l’hyper-adaptabilité capitaliste. Cette ambiguïté ressort des propositions des artistes de l’exposition, qui se confrontent à ces dynamiques contemporaines où le champ de l’éducation se croise avec des logiques spectaculaires, de décentralisation technologique ou de captation attentionnelle. Chaque geste présenté vient en même temps dessiner une voie d’expression sensible qui valorise l’art dans sa capacité à produire un savoir non quantifiable et à ouvrir des possibles pour agir sur le tissu institutionnel. 

Enfin, le Centre d’art Ygrec-Ensapc a la particularité d’être un espace d’exposition rattaché à une institution d’enseignement artistique. Cette proposition se penchant sur des questions éducatives à travers les voix d’une jeune génération d’artistes, elles et eux-mêmes issu·es d’écoles d’art, trouve une mise en situation particulièrement propice à encourager des effets de résonances avec le lieu de formation où l’acte d’apprendre engage simultanément un travail sur soi, sur les structures, et sur les conditions mêmes de l’émancipation.

[1] Voir à ce sujet l’article de Kristina Lee Podeska, “A Pedagogical Turn : Brief Notes on Education as Art”, Fillip 6, 2007 (https://fillip.ca/content/a-pedagogical-turn), ou encore Iris Rogoff, “Turning”, e-flux journal, # 0, novembre 2008 (https://www.e-flux.com/journal/00/68470/turning). Le terme tournant éducatif est apparu dans les années 2000 pour définir un ensemble d’expositions qui invoquent l’interactivité et mobilisent souvent les esthétiques scolaires ou pédagogiques, afin de repositionner l’art comme un lieu de production de savoirs et/ou faire de l’éducation un médium artistique à part entière. [2] Extrait de la conversation enregistrée en mars 1967 entre Robert Filliou et John Cage, publiée dans Robert Filliou, Teaching and Learning as Performing Arts, Cologne – New York, Kasper König, 1970. 

Exposition collective avec : Maxime Andres, Lucie Bourdon, Aloha Lefebvre, Jana Osman, Elea Roussel, Ulises Tapia, Yiwen Wu et Audrey Gambier.
Artiste invité : Julie Sas

Commissaires : Ana Braga, Guillaume Breton, Clara Guislain.

Informations pratiques :
Le 31 octobre 2025 de 18h à 21h
Le 1er novembre sur rendez-vous (wladresse@gmail.com ou 0634197757)