Du 31 - 10 au 01 - 11 - 2025
Re
Lors de l’exposition Re en collaboration avec le Centre d’art Ygrec-Ensapc, deux groupes d’étudiant·es de l’Ensapc et de l’Ensad de Limoges présenteront des œuvres réalisées dans le cadre d’un workshop. Ce second volet de Free to move from chair to chair ouvre un espace de dialogue entre étudiant·es et artistes où se croiseront des perspectives sensibles, critiques et imaginaires sur l’éducation et l’apprentissage. Cette proposition se penchant sur des questions éducatives à travers les voix d’une jeune génération d’artistes, elles et eux-mêmes issu·es d’écoles d’art, trouve une mise en situation particulièrement propice à encourager des effets de résonances avec le lieu de formation où l’acte d’apprendre engage simultanément un travail sur soi, sur les structures, et sur les conditions mêmes de l’émancipation.
En première page d’un livre de Marguerite Duras 1 , quelques phrases évoquent le
personnage d’un enfant, Ernesto, qui rentre pour la première fois de l’école en
déclarant à sa mère qu’il n’y retournera plus. « Pourquoi ? Parce que !… A l’école,
on m’apprend des choses que je ne sais pas », lit-on quelques lignes plus loin.
Dans la scène inaugurale d’un film de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub 2 , une
caméra grand-angle filme une actrice dans le décor d’une cuisine, penchée sur un
évier, en train d’éplucher des pommes de terre. Alors qu’un panoramique horizontal
laisse progressivement apparaitre un jeune acteur à ses côtés, celui-ci déclare en
chantant qu’il ne retournera plus à l’école. « Pourquoi ? », entend-on hors champ.
« Parce que !… A l’école, on m’apprend des choses que je ne sais pas » récite
l’acteur. Straub et Huillet, dans le souci d’impertinence qui les caractérise, diront de
ce film qu’il n’est pas une adaptation du livre de Marguerite Duras, mais leur
rencontre avec ce texte.
A la croisée de formes pédagogiques et artistiques, « Re » est un workshop
cherchant à interroger le rôle et la valeur de l’acte de répétition. Tantôt sanctionnée
par les conventions scolaires de la bonne stylistique ou par le règlement universitaire
pour plagiat, tantôt érigée en principe directeur de méthodes d’apprentissage ou en
œuvre d’art, la répétition est un acte aussi banal qu’ambivalent. La pluralité des
formes qu’elle revête témoigne combien sa nature et ses usages ont façonné les
rapports contrariés de la culture à l’apprentissage. Copie, dictée, appropriation,
adaptation, exercice d’admiration, reenactment, contrefaçon, anaphore sont ainsi
autant de façons de re-présenter un contenu original à des fins de transmission,
d’éprouver un rapport empirique au savoir et d’interroger les liens qu’entretient ce
dernier avec la propriété.
Au travers de formes ouvertes, qui pourront s’inscrire dans un rapport critique aux
savoirs savants et aux institutions qui les dispensent, il s’agira de mesurer les effets
socio-politiques de l’acte de répétition et son implication dans la construction des
figures de l’ignorant et du dominant, du cancre et du savant.
Ernesto, qui ne veut apprendre que ce qu’il sait déjà, rétorque avec insolence à son
maitre qui lui demande comment il compte s’y prendre : « En rachâchant. » « Qu’est-
ce que c’est ce que ça ? Une nouvelle méthode. »
1* Ah ! Ernesto, Marguerite Duras, 1971
2* En rachâchant, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, 1982
Exposition collective avec : Maxime Andres, Lucie Bourdon, Aloha Lefebvre, Jana Osman, Elea Roussel, Ulises Tapia, Yiwen Wu et Audrey Gambier.
Artiste invité : Julie Sas
Commissaires : Ana Braga, Guillaume Breton, Clara Guislain.
Informations pratiques :
Le 31 octobre 2025 de 18h à 21h
Le 1er novembre sur rendez-vous (wladresse@gmail.com ou 0634197757)