Du 20 - 02 au 13 - 09 - 2020
Le Grand mur
Kevin Rouillard
Initialement prévue du 20 février au 17 mai, exposition fermée au moment du confinement le 16 mars, réouverte le 15 juin et prolongée jusqu’en septembre
Commissaire : Franck Balland
« Un jour, mes parents m’ont rendu visite à Marseille : ils cherchaient à se procurer des bidons pour envoyer des choses au Cap Vert. Les envois ne sont pas calculés au poids, mais au bidon, qui devient alors une unité de mesure. Ces bidons sont restés un moment à l’atelier. Après leur expédition, il y a toute une chaîne de recyclage de ces contenants qui s’organise. Le bidon est démantelé jusqu’à entrer dans la composition d’autres objets ou même d’éléments architecturaux. Les artisans découpent, martèlent, aplatissent la tôle d’une façon assez similaire à ce que je fais de mon côté. »
Principalement sculpturale, la pratique de Kevin Rouillard est inscrite dans un processus de prélèvement et de récupération, qui questionne d’une part le contexte d’émergence des formes qu’il récupère, et d’autre part le contexte d’apparition des œuvres qu’il crée. Ses grands assemblages de panneaux métalliques, carcasses de bidons brûlés et dépliés, sont pour lui une manière d’évoquer le milieu ouvrier et de la circulation des biens à travers le monde. Lauréat du Prix Sam Art 2018, Kevin Rouillard a conçu son exposition au Mexique, au cours d’un voyage qui lui aura autant fait rencontrer l’imaginaire sculptural précolombien que la réalité politique d’un pays partageant sa frontière avec les Etats-Unis. Intitulé Le Grand mur, ce projet fait donc résonner le contexte géographique et social mexicain dans la pratique de l’artiste, faite de grands assemblages de tôles monochromes, qui viennent ici dessiner un paysage absent de signes.
«Pour Kevin Rouillard, le contexte d’exposition n’est jamais neutre, il détermine le statut des objets, sa réception et sa valeur. L’artiste signale son peu d’intérêt pour les oppositions entre vrai et faux, original et copie, dans le système de création de valeur des œuvres. Cela peut expliquer aussi ses réticences à circonscrire son travail à l’engagement postcolonial (malgré un lien maternel au Cap-Vert) : il appartient à une génération d’artistes qui a perçu le paradoxe d’une assignation identitaire à des origines dont ils ne connaissent finalement que très peu.» (Pedro Morais)
Né en 1989 à Vendôme, Kevin Rouillard vit et travaille à Marseille. Il est diplômé de l’ENSBA Paris (2014). Il a bénéficié ces dernières années de plusieurs expositions personnelles, parmi lesquelles 7/7 à la Junqueira à Lisbonne (2018), Extrait (Tôle, Choc) à la galerie Thomas Bernard, Paris (2017) ou encore Collision à The Chimney Gallery, New-York (2017). Son travail a également été présenté dans de nombreuses expositions collectives, notamment aux Abattoirs à Toulouse (2017) et au Confort Moderne à Poitiers (2016). Il a participé au 60e salon de Montrouge (2015) ainsi qu’au prix Emerige (2015).