Réseau artcontemporainParis / Île-de-France

Du 16 - 09 - 2020 au 14 - 03 - 2021

Photographies 1968-1992
Miguel Rio Branco >>> fermeture exceptionnelle

« Seul un petit nombre d’entre nous, au milieu des grands agencements de cette société, se demande encore naïvement ce qu’ils font sur le globe et quelle farce leur est jouée. Ceux-là veulent déchiffrer le ciel ou les tableaux, passer derrière ces fonds d’étoiles et ces toiles peintes, et comme des mioches cherchant les fentes d’une palissade, tâchent de regarder par les failles de ce monde. » — Georges Bataille

Figure de proue de la création contemporaine au Brésil, Miguel Rio Branco est un artiste polymorphe. À vingt ans, il étudie la photographie à New York, dont l’effervescence nourrit ses dérives poétiques et ses premières toiles. Il vit dans les quartiers pauvres du sud-est de Manhattan, l’East Village et la Bowery, qu’il commence à photographier, où se mêlent toutes les influences. Il se lie d’amitié avec un enfant des lieux, Gordon Matta Clark, qui tranche ses géométries dans des pans d’immeubles en ruine, et avec son compatriote Helio Oiticica.

De retour au Brésil, Miguel Rio Branco vit successivement dans le Nordeste, avec les chercheurs d’émeraudes, puis dans le quartier du Pelourihno, à Salvador de Bahia, qui abrite alors, dans l’insalubrité, des familles déshéritées et des prostituées.

Miguel Rio Branco saisit les corps, hommes ou femmes, leur gloire ou leur fatigue, leur pudeur et leurs exhibitions, dans des cadrages volontiers serrés, où l’arrière-plan perd toute profondeur. Son regard soutient celui de ses modèles : rien n’est escamoté. Les personnages sont dos au mur. « La photographie le plus souvent oppresse ou asphyxie la réalité », dira l’artiste.

À force de s’approcher, ses images s’imprègnent d’onirisme, sans éviter le grotesque, qu’elles provoquent et qui déborde, comme chez le dernier Goya.

On a parlé, pour Miguel Rio Branco, de « réalisme exorbité » : le désastre attire l’œil ; l’imagination n’a d’autre issue que la réalité, sa violence, son immédiateté. Les blessures sont autant d’éclats narratifs, « sans début ni fin », des images-poèmes dans les ruines du monde.

Alexis Fabry et Diane Dufour, commissaires de l’exposition