23 - 02 - 2016, 18:00
Le Louvre Abou Dhabi : mise en perspective et catégorisation d’un « musée universel »
Alexandre Kazerouni
Cycle de trois rencontres : Musée et marché de l’art dans la péninsule arabique.
Amphi du Mûrier.
Le « Golfe » cette région aux contours mal définis, qui porte le nom d’un bras de mer dont Arabes et Iraniens se disputent le nom, est durant la décennie passée devenu le foyer d’un rayonnement par les arts dont les piliers fondamentaux sont des musées à forte visibilité internationale au Qatar et à Abou Dhabi, un marché de l’art régional basé à Dubai et la Biennale de Sharjah. Cette association entre « Golfe » et culture est d’autant plus inattendue que l’image de cette périphérie des mondes arabe et iranien a longtemps été réduite au désert, au pétrole, et à la guerre, et se trouve depuis le 11 Septembre combinée aux formes les plus radicales de l’islamisme. Dans le même temps, un regain d’intérêt s’est fait jour en Occident pour l’art islamique et la production artistique du monde musulman contemporain, sous forme de réaménagement des galeries d’exposition, comme au Louvre, au V&A et au Metropolitan, ou d’élargissement des collections, comme à la Tate, au Centre Pompidou ou au Guggenheim. C’est à comprendre et à articuler entre elles ces dynamiques, que s’attacheront trois conférences d’Alexandre Kazerouni, mais aussi à poser le musée et le marché de l’art comme analyseurs du politique.
I. Le Louvre Abou Dhabi : mise en perspective et catégorisation d’un « musée universel »
Du Musée d’art islamique de Doha, dessiné par Ieoh Ming Pei et inauguré en 2008, au Louvre Abou Dhabi dont l’ouverture est actuellement prévue pour fin 2016, c’est un nouveau rapport au musée qui s’est fait jour au Qatar et à Abou Dhabi, en rupture avec celui qui prévalait dans les années 1980. Pourquoi ces deux émirats, et eux seuls, sont-ils le long de la rive arabe du golfe Persique les foyers d’une relation nouvelle entre culture et politique qui fait si grand cas des musées? Dans quels ordres politiques intérieurs et régionaux inscrire ces projets qui ne sont pas des outils de soft power ?