TaxiTram samedi 24 mars 2018
École et Espace d’art contemporain Camille Lambert > CAC Brétigny > Immanence
The Shelf Company
The Shelf Journal, revue annuelle sur le design éditorial et le graphisme dans le livre, présente une sélection d’affiches exposant « le livre dans le graphisme ». À l’occasion de cette carte blanche, le collectif porte un regard sur la question de la représentation du livre à travers le travail de plusieurs graphistes contemporains et un ensemble d’objets éditoriaux.
Desk Set
« Petra Genetrix from Porosity Valley, date of birth unknown, gender non applicable. Welcome to the Immigration Data Center ». Arrivée par une porte dérobée, la machine commence à luire dans l’obscurité. Plus loin, quatre femmes entourées de livres palabrent, d’une porte à l’autre. Le téléphone sonne, dans le vide, encore. Triant des matières micro-plastiques, elles échangent sur les modes de protection contre la contamination humaine. D’autres, un poulpe perruqué sur la tête ou le visage grossièrement peint dans un costume de papier, transforment images, écritures et corps pour se faire traductrices lyriques. Toutes connaissent le poids de la terre et le nom des coutumes. Entre elles et la machine se joue la nature du savoir, émotionnel et objectif. Tel est le flux qui s’échange, mutant, mutique ou bavard, toujours répété, toujours ritualisé.
Yann Toma, Réactivation Ouest-Lumière
Pour la première fois, Yann Toma expose un grand nombre des documents, objets et traces issues de la première période de sa démarche qui débuta dans les années 90.
En 1991, Yann Toma occupe la sous-station EDF de Puteaux et découvre l’ancienne usine d’électricité Ouest-Lumière qui produisait des centaines de milliers de volts et assurait la distribution publique de l’électricité aux communes de l’Ouest parisien. L’ancienne usine Ouest-Lumière commence progressivement à être démolie. Yann Toma assistera à cette longue destruction qui dure plusieurs années. Il en sauve ses archives, certains objets : ampoules, compteurs ou encore dossiers administratifs d’ouvriers, dans la perspective de « mettre en scène une nouvelle réalité de l’objet devenu déchet ; objet/ re et du passage de milliers de corps d’ouvriers », précise-t-il.
Inspiré par Michel Journiac, il rachète officiellement le nom et la marque à l’INPI, fondant ainsi son entreprise- artiste en devenir, et réactive le lieu, les archives et l’ancienne compagnie d’électricité Ouest-Lumière en la réaffectant à une nouvelle fonction, celle de produire et de distribuer de l’énergie artistique (EA).
« L’un des premiers aspects de sa démarche artistique a consisté à utiliser ce matériel a n de créer des installations dans les lieux indépendants du monde industriel, cherchant ainsi à illustrer à sa manière la notion warburgienne de Nachleben dans son acception de » résonance » ou encore de » continuité d’un héritage » ; ici l’héritage de l’Usine et de sa Vie pour lutter contre l’oubli. (…) Son travail a tout d’abord été un acte rituel avant d’être à proprement parler un acte plastique. L’Usine est devenue la substance intellectuelle et matérielle de son activité. Il s’agissait pour Toma de porter un regard tant archéologique qu’ethnologique sur ce lieu et ses objets, car il n’en resterait bientôt plus rien, excepté la mémoire du lieu qu’il pensait déjà faire revivre par l’intermédiaire d’installations lumineuses. » (Valérie Da Costa)
D’une typologie des lieux à une typologie des matériaux : la mémoire de Ouest-Lumière apparait en charge d’un devenir de Ouest-Lumière, plus que de son passé industriel, voire d’un questionnement sur le devenir de notre société.