Sequana
Yan Tomaszewski

Pour Nuit blanche 2023, Yan Tomaszewski propose une procession de sculptures ex-voto du MAC VAL jusqu’aux berges de la Seine, au niveau du Pont du Port-à-l’Anglais à Vitry-sur-Seine (trajet de 30 minutes depuis le musée)

Depuis 2020, Yan Tomaszewski développe une recherche autour des ex-voto trouvés lors des fouilles du sanctuaire de la déesse Sequana, aux sources de la Seine. Les ex-voto étaient des représentations de corps malades, aussi bien des membres externes (bras, jambes, pieds, mains, têtes, torses) qu’internes (poumons, cœurs, intestins). Ils étaient offerts à la déesse du soin dans l’espoir ou en remerciement d’une guérison. Les ex-voto relèvent donc d’une logique de don contre-don et sont des objets de transfert : l’offrande à la déesse d’une représentation du corps malade appelle la guérison du corps réel. 

La première étape du processus a consisté à sculpter dans le bois des membres de corps humains à échelle 1:1 en s’inspirant librement des ex-voto offerts à Sequana. Ces sculptures exposées à la Galerie Jean-Collet dans le cadre de La Construction du champ #5 (11 mars-23 avril 2023. Commissariat Daniel Purroy) seront ensuite transformées, de manière quasi-alchimique, en charbon actif. Le charbon actif est un charbon de bois obtenu par une cuisson longue qui « active » les pores du bois et transforme sa matière en une surface ultra-absorbante. De ce fait, le charbon actif a été utilisé depuis la nuit des temps comme un remède et comme un outil de purification, notamment pour l’eau. 

La performance collective présentée lors de Nuit blanche 2023 partira du grand hall du MAC VAL où auront été déposés sur des tables et des étagères en inox. Ces sculptures « à sacrifier » pour Sequana. Cette performance mobilisera différents participant.e.s : danseur.euse.s, citoyens, étudiant.e.s, membres du mouvement des Gardien.ne.s de la Seine, etc. Elle puisera dans différents rituels, notamment celtes, en écho au sanctuaire de Sequana mais aussi aux réactualisations contemporaines de ce culte, liées à des cercles néo-druidiques. Les ex-voto en charbon actif seront transportés dans leurs linceuls jusqu’aux bords de Seine, au niveau de l’Atelier des Ardoines. Une fois sur place, chaque sculpture sera immergée, et se « chargera » de toutes les impuretés du fleuve : nitrates, phosphates, métaux lourds, PCB, hydrocarbures, micropolluants, etc. Ces ex-voto opéreront ainsi, à petite échelle, une purification à la fois symbolique et concrète de la Seine.

Quelques semaines plus tard, des prélèvements seront pratiqués sur les ex-voto, de manière à recueillir des échantillons de charbon actif chargés d’impuretés et de polluants. Ces prélèvements seront ensuite transmis pour analyse à des scientifiques du CNRS.