Pour une thèse vivante (vers son geste)
Un CCN en terre et en paille

Construire un lieu éphémère comme aboutissement d’une recherche en acte : voici l’audacieux projet de la performeuse et chorégraphe italienne Claudia Triozzi. Elle s’installe pour l’occasion aux Laboratoires d’Aubervilliers, dans un espace pensé comme une scène ouverte au public tout au long du processus.

En 2011, Claudia Triozzi entamait un nouveau cycle de création, Pour une thèse vivante. Il met la recherche à l’épreuve du plateau et du savoir-faire des corps, en réunissant artistes, artisans et intellectuels. Un CCN en terre et en paille en est l’aboutissement, un « objet-architecture-lieu » comme un manifeste qui nomme la place de sa propre pratique.

La chorégraphe a conçu un parcours en plusieurs volets. Pendant trois semaines, la construction de ce centre chorégraphique national (CCN) à bâtir mobilisera des collectifs qui travailleront la terre et la paille, invitant le public à y participer. Des temps de performance vont rythmer cette vie collective, suivis de trois représentations de Pour une thèse vivante. Forme hétérogène qui questionne la place du « faire » du théâtre, nourrie de huit ans de travail, le spectacle met en correspondance et pose la question de l’adresse à l’autre. Une reprise exceptionnelle de Rope Dance Translation (1974), du chorégraphe américain Andy de GROAT, décédé début 2019, aura lieu ainsi que la création 2019 Claudia regarde la danse.

En interrogeant en filigrane la possibilité même de transmettre une pratique, Claudia TRIOZZI joue ainsi sur les présupposés du spectacle vivant. Dans la lignée du développement des thèses artistiques, Un CCN en terre et en paille confronte les matériaux et révèle la pensée.

― Laura Capelle

Avec le Festival d’Automne à Paris