Du 05 au 28 - 03 - 2020
Shlag love
Gaëlle Choisne
Vernissage le jeudi 5 mars de 18h à 21h
Exposition dans les vitrines d’Ygrec jusqu’au 28 mars
Après vingt ans d’existence à Paris, le centre d’art Ygrec ENSAPC ouvre ses nouveaux espaces à Aubervilliers qui accueillent les formes actuelles de la création contemporaine. La programmation d’Ygrec s’articule d’une part autour de propositions artistiques développées en collaboration avec les enseignant.e.s, les étudiant.e.s et les diplômé.e.s de l’École Nationale Supérieure d’Art de Paris Cergy et d’autre part d’expositions et d’évènements élaborés à partir d’invitations adressées à des artistes et commissaires d’exposition venu.e.s de tous les continents.
Pour cette première exposition, Ygrec a invité deux artistes à investir les vitrines et l’espace intérieur.
L’artiste Gaëlle Choisne présente dans les vitrines Schlag love, une installation mêlant un choix d’œuvres existantes à de nouvelles productions réalisées spécialement pour cette exposition. Son travail se compose de sculptures et d’installations composites et foisonnantes où viennent s’imbriquer photographies, vidéos et références littéraires. En reproduisant le désordre et la complexité du monde contemporain, l’artiste évoque les enjeux de la surexploitation des ressources, l’héritage de l’histoire coloniale, et mêle indifféremment sciences objectives, traditions ésotériques créoles, mythes et cultures populaires.
L’artiste Benjamin Swaim présente dans l’espace intérieur d’Ygrec une série de peintures de grand et moyen formats, produites lors des trois dernières années et rassemblées sous le titre Lame de fond. Figurative, sa peinture est faite de plages de couleurs vives, contrastées et lumineuses qui altèrent la perception des espaces représentés. Ces jeux formels et chromatiques construisent un univers énigmatique, poétique et inquiétant que l’artiste accompagne d’un texte :
Il y a trois ans, j’étais dans une maison au bord de la mer, je marchais pieds nus et, par la fenêtre, une immense vague se rapprochait de moi. C’était imparable : le bateau amarré au pied de la maison, il ne me serait d’aucun secours. La vague se levait et obstruait maintenant le ciel.
L’instant d’après, les dalles de pierre étaient recouvertes d’eau qui ruisselait partout le long des murs et sur les meubles de la pièce, la vague était passée, j’étais en vie. En me retournant je remarquais alors un groupe de vieux qui jouaient aux cartes autour d’une table en bois, leurs vêtements étaient mouillés, ils jouaient, imperturbables, sereins. La vague traversait la maison, mais ne les emportait pas, cela, ils le savaient.
L’exposition raconte le passage de cette immense lame de fond et la rêverie de l’enfant sur la vague, l’appel de la mer, le désir qui nous y porte et la peur du naufrage. Le naufrage ici est une métaphore ; c’est aussi la réalité des naufrages qui venaient alors toquer à la vitre et nous sortir de nos rêves.
Quand à nous, lorsque la vague arrive, la meilleure manière de nager c’est encore de peindre.
Gaëlle CHOISNE (1985) est une artiste française d’origine haïtienne. Elle vit et travaille à Londres et Paris. Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, elle a été résidente à la Rijksakademie à Amsterdam (2019) et à l’Atelier Van Lieshout (2019). Son travail a été présenté en France et à l’étranger lors d’expositions personnelles : Bétonsalon, Paris (2018) ; galerie Untilthen, Paris (2018), Hunter East Harlem Gallery (2018) ; Centrale Gallery Powerhouse, Montréal (2015) ; la Halle des Bouchers, Vienne (2015) et à l’occasion d’expositions collectives, de biennales et de workshops : biennale de Curitiba au Brésil (2019 ; biennale de Lyon (2019) ; Musée d’art moderne de la ville de Paris (2018) ; 13ème biennale de Sharjah ; Beirut Art Center (2017) ; CAFA art museum, Beijing (2017). Gaëlle Choisne est également engagée dans des projets alternatifs, des projets collectifs et « extra-projets » culturels en Haïti, en collaboration avec différentes institutions privées et publiques.