Réseau artcontemporainParis / Île-de-France

Du 14 - 04 au 01 - 12 - 2015

Le film et son double. Du film performatif.
Cycle de rencontres et de débats publics

Un cycle de cinq séances doubles constituées d'une performance proprement dite, sur un registre artistique, confiée à un artiste, et une conférence, plus discursive, sur les enjeux du film performatif ou du performatif en général, aura lieu aux Laboratoires d’Aubervilliers d’avril à décembre 2015.

L’ensemble de ces rencontres et performances donnera lieu à une publication, sous la forme d’un catalogue ou d’un numéro de revue.

    • Séance #3

      Conférence-illustrée & performance

      Twilight Zone
      par Alexis Guillier

      conférence illustrée, 60 min

      Le projet Twilight Zone s’intéresse à l’accident survenu en 1982 sur le tournage du film homonyme, version cinématographique de la célèbre série La Quatrième Dimension. Lors d’une scène dans un village vietnamien reconstitué, trois acteurs furent tués par un hélicoptère que les effets spéciaux avaient rendu incontrôlable. Avec ce projet polymorphe en cours, Alexis Guillier explore les multiples ramifications de l’affaire, de la circulation des images de l’accident aux échos de la tragédie dans la culture populaire, l’industrie du cinéma et la justice. Lors de la soirée aux Laboratoires d’Aubervilliers, il présentera une conférence illustrée, tirée de ce projet.

      Le plan le plus cher de l’histoire du cinéma français
      par Thomas Clerc

      Conférence-performance, 45 min

      Mardi 13 octobre 2015, 20h

    • Séance #4

      Projection & conférence

      DIANA [17.11.2015]
      Par Simon Ripoll-Hurier

      Projection, 45 min

      Le 10 janvier 1946 à 11h58, les antennes du Camp Evans émettent à très grande puissance un court signal en direction de la Lune. Un peu plus de deux secondes plus tard, elles en captent un écho très faible. C’est le premier succès du « Project Diana », deux années après son lancement :
      « le premier contact de l’homme avec la Lune ». Dès lors, la technique des communications par rebond lunaire est abondamment utilisée par l’armée et les services secrets américains jusqu’aux années soixante et à la mise en orbite des premiers satellites artificiels, qui la font tomber en désuétude. Depuis, La Lune ne reçoit des signaux que de quelques radioamateurs qui, à travers le monde, parviennent à fabriquer des paraboles assez larges et puissantes pour l’atteindre.

      États d’âme
      par Clara Schulmann

      Conférence, 45 min

      Au cinéma il n’y a pas beaucoup de voix off féminines. Détachées du corps, elles sont immatérielles. Souvent, elles nous donnent accès à une subjectivité, des secrets – une voix intérieure. Elles sont à la recherche de quelque chose. Elles sont aussi ironiques, critiques. Assignées à résidence, elles perturbent et démontent les environnements qui leur sont imposés. Si l’on se déplace et que l’on écoute les voix des femmes qui écrivent ou des artistes femmes qui parlent, que deviennent ces abstractions sentimentales?

      17 novembre à 20h

    • LE FILM ET SON DOUBLE. Du projectionniste.

      Séance au MAC VAL

      Dans le prolongement de ce programme, une journée de rencontres et de performances, organisée au MACVAL, réunit théoriciens, cinéastes et artistes pour questionner la figure du projectionniste. Sont invités Roland Sabatier, Peter Miller, Peter Szendy et Esperanza Collado.

      vendredi 20 novembre, de 11h à 18h

    • Séance #5

      Conférence non académique

      The Pixelated Revolution
      par Rabih Mroué

      Conférence non académique, 60 min

      « Les Syriens filment leur propre mort ». Voici comment débute The Pixelated Revolution, à partir de quelques vidéos au cours desquelles nous sommes témoins du tir d’un sniper ou simplement d’un des soldats des forces du régime sur le caméraman.
      Ces vidéos montrent les moments du contact oculaire entre sniper et caméraman, lorsque la ligne de tir de l’arme et l’objectif de la caméra se croisent. Cette conférence-vidéo non–académique s’interroge en premier lieu sur la manière dont les Syriens filment leurs images « ici et maintenant », réfléchit sur la relation entre cet acte de documentation photographique et la mort et questionne la façon dont nous percevons ces vidéos « maintenant, mais là-bas »…

      Cette conférence, donnée en anglais, a été commandée et produite par et pour la dOCUMENTA 13 à Kassel, co-produite par Berlin Documentary Forum – HKW/ Berlin 2012, The 2010 Spalding gray Award (Performing Space 122) à New York, The Andy Warhol Museum à Pittsburg, On the Boards à Seattle et le Walker art Center à Minneapolis.

      L’Imperformatif
      par Stephen Wright

      Conférence, 45 min

      On comprend aisément l’attrait du performatif : arracher la puissance d’agir du sujet au paradigme de représentation qui la tenait captive. Mais à la lumière de son emploi inflationniste depuis quelques années, force est de reconnaître que les forces de rationalité stratégique se sont emparées de la performativité, faisant d’elle leur principal mode de capture et d’accumulation, nous invitant en permanence à performer nos subjectivités pour mieux les capturer et les monétiser, voire à « performer l’opposition », nous soustrayant peut-être à la besogne de… faire opposition. Face à cet horizon du tout-performatif, l’imperformatif radical — le refus de se laisser déposséder de sa puissance de ne pas agir, la volonté d’échapper aux mécanismes de capture performative pour mieux agir à l’ombre —, longtemps resté le refuge des seuls braconniers, oisifs, déserteurs, squatteurs et autres adeptes du minimum syndical, semble soudain constituer le seul modus operandi réaliste.

      mardi 1er décembre à 20h

Les Laboratoires d’Aubervilliers, en partenariat avec pointligneplan, invitent Erik Bullot à programmer un cycle de rencontres et de débats publics autour d’un tournant remarquable que l’on peut observer aujourd’hui, celui du « film performatif », pratique à la croisée de ces deux pratiques. Film où l’artiste/cinéaste substitue la performance à l’image, l’énoncé au film, exposant le processus de construction plutôt que son résultat – le faisant advenir au moment où il le raconte, répondant au critère de la signification linguistique de « l’énoncé performatif ».

Peut-on faire un film avec des mots ? On observe actuellement dans le champ du cinéma expérimental et de l’art contemporain de nombreuses pratiques filmiques qui tentent de remplacer le film par son simple énoncé sous la forme de conférences illustrées, de lectures ou de performances. Des fragments d’un film à venir (photographies, documents, fragments de scénario) sont présentés en guise du film lui-même. On ne peut qu’être frappé par ce tournant performatif. Précisons tout de suite que le terme performatif emporte avec lui deux significations : l’une, proprement linguistique, selon les critères proposés par Austin, relative aux verbes performatifs qui réalisent une action par le fait de leur énonciation, à l’instar des verbes baptiser ou promettre, la seconde relevant du champ plus général de la performance artistique. On assiste aujourd’hui chez certains artistes ou cinéastes à une pratique performative du cinéma à la jointure de ces deux significations. Il est d’ailleurs difficile de totalement séparer ces deux significations : la performance, au sens artistique, emporte souvent une dimension performative, au sens linguistique.

Exposer le film à la manière d’une proposition ou d’un énoncé relève-t-il du performatif ? Exposer est-il un verbe performatif ? Déplacé de la salle au musée, dissocié de son dispositif originel, soumis à de nouvelles configurations techniques, le film doit-il être désormais performé pour advenir ? Qu’en est-il de ce tournant performatif du cinéma ? Participe-t-il du seul courant linguistique ? Rencontre-t-il un déplacement du cinéma lui-même vers le spectacle vivant ? On peut en effet observer à travers ces différentes actions le retour du bonimenteur du cinéma des premiers temps qui commentait et racontait le film pendant la projection, le rappel des instructions données au projectionniste ou la simple continuité de certaines propositions du cinéma élargi (expanded cinema) pour échapper au cadre strict de la séance. Le recours fréquent au terme performatif devenu désormais un adjectif régulièrement associé à la conférence dans le champ de l’art contemporain est assez symptomatique. Pourquoi rencontre-t-il un tel succès ?

Tels sont quelques-uns des enjeux de ce programme de rencontres et d’événements, invitant des artistes, des cinéastes et des théoriciens en vue de cartographier ces nouvelles pratiques.