Du 03 - 02 au 05 - 09 - 2015
Tremblement
Véra Molnar
Dans le cadre de l’événement : Scénario d’été
Pas du tout. Je vais vous donner une réponse très précise. J’étais ami de Georges Perec, un enfant de la shoah, ses parents sont morts dans les camps. avec lui, on s’est dit : « moi je suis pas un enfant de la shoah, mes parents sont pas morts, je suis pas juif, mais je suis un enfant de la guerre totale. Elle m’habite. Comme toi
la shoah tu peux pas l’oublier. on est des enfants de la même guerre. on va pas faire du racisme. on va pas dire : toi t’es un enfant de la shoah, t’as le droit d’être hanté, et d’un autre côté ce gosse il est obstiné, pessimiste, il en a pas le droit. »
Les bombardements ont été un phénomène d’une complexité, d’une perversité extraordinaire. on peut pas comprendre collaboration et résistance si on n’a pas compris l’occupation. Être occupé, c’est être dans une situation de perversité absolue, c’est-à-dire qu’on cohabite avec les ennemis et les alliés vous tuent. Pour un môme de 10 ans – je suis né en 1932 –, il faut assimiler ça, que la proximité est ennemie et que ceux qui nous bombardent sont nos amis. Je suis un enfant de la guerre totale, de la guerre éclair, de la guerre rapide : la Blitzkrieg.